Article 24 Heures – 12 octobre 2021

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Un parcours de Ninja Warrior est installé dans son jardin

Double champion d’Europe, Manu Dufaux s’est donné les moyens de ses ambitions. Fin septembre, il a terminé 6e des Mondiaux qui avaient lieu dans le Vermont.

Quand vous arrivez à Noville, impossible de manquer la maison de Manu Dufaux. Ce coach sportif de 41 ans, double champion d’Europe de courses d’obstacles, possède dans son jardin des modules d’entraînement assez impressionnants. On se croirait presque dans «Full Metal Jacket» de Kubrick ou sur le plateau de l’émission de TF1 «Ninja Warrior». On y trouve des éléments de street workout avec des anneaux, des échelles suspendues, des barres de traction, une corde, une palissade en bois ou encore des pneus.

Les Spartan Race ou autres Mud Day sont des courses d’obstacles qui nécessitent force, adresse, endurance et stratégie. Les parcours de course à pied longs de 5 km à 20 km sont parsemés d’épreuves physiques variées (15 sur la distance de 5 km et jusqu’à 40 sur 20 km), souvent dans la boue et parfois dans des tranchées ou au-dessus de bassins. Lors de la dernière épreuve de Spartan qui a eu lieu à Verbier, le 18 septembre, quelque 3000 participants ont testé leur force physique et mentale. Une discipline très tendance, qui invite à l’aventure et au défi entre amis. Mais sans pression, puisque les amateurs n’ont pas l’obligation d’affronter tous les obstacles.

Manu Dufaux pratique pour sa part au meilleur niveau mondial. Spécialiste des épreuves de montagne, il s’entraîne presque quotidiennement dans ses salles de fitness à domicile et sur son terrain extérieur. «Techniquement, tous les athlètes de haut niveau se valent, explique le père de famille. Sur les épreuves, les temps varient peut-être de 3 secondes. La différence se fait lors de la course à pied.» Alors le combattant de Noville, s’entraîne sur un parcours de trail qu’il voit depuis son domicile: l’ancienne carrière de Roche, dont il fait le tour. Soit une sortie de 10 km pour 1000 m de dénivelé, très technique.

«Pendant les obstacles, j’essaie de récupérer mon cardio. Quand je cours, je récupère au niveau des bras.»Manu Dufaux

Cet ancien coureur automobile, qui pratiquait le karting à l’échelon européen, a côtoyé des Fernando Alonso sur les circuits, avant de se consacrer au body fitness. Avec un titre de champion de Suisse à la clé. De fil en aiguille, il s’est découvert des aptitudes pour l’endurance et a participé à une première Spartan Race à Milan, en 2016. «J’ai immédiatement été séduit par le concept, car cela mélangeait le fitness, avec un petit peu de force et de trail, raconte l’ancien coach physique du pilote du vice-champion du monde de F2 Mathéo Tuscher. En plus, cet esprit un peu militaire du parcours du combattant me permet de proposer de nouveaux défis à mes clients.»

Depuis, ce dur au mal ne cesse de progresser dans cette discipline. Il est accompagné lors de ses sorties d’entraînement et durant les compétitions par son frère Anthony. «Au niveau physique, je travaille beaucoup sur le haut du corps. Nous sommes plus sur de l’endurance musculaire que sur de la force pure. Notre silhouette ressemble à celle des spécialistes de grimpe ou de triathlon.» Pour parfaire sa forme, il participe à des épreuves comme Sierre-Zinal. «Je pars fatigué après une semaine d’entraînement intensif (ndlr: dans ces conditions, il parvient tout de même à avaler les 31km et les 2200m de dénivelé en 3h14!). Je pratique aussi le ski-alpinisme l’hiver, je vise d’ailleurs un podium pour la prochaine Patrouille des Glaciers.» Son équipe tentera de terminer dans un chrono de 7 h 30.

Force physique et mentale

Fin septembre, le Chablaisien s’est rendu à Stratton Mountain dans le Vermont pour affronter les meilleurs du monde. Depuis deux ans, il fait partie de la catégorie fermée des pros. Son résultat aux Championnats du monde OCR (obstacle course racing) est une sixième place, derrière quatre Américains et un Russe. «J’étais proche du podium, mais comme mon objectif était un top 10, j’ai préféré assurer, plutôt que de tenter le tout pour le tout. Si on rate une épreuve, cela peut nous faire dégringoler au classement. C’est ce qui m’est arrivé une semaine plus tôt à Verbier, où j’ai terminé 15e

Enchaîner course et obstacles est une combinaison pas toujours simple à gérer. «Le mental est très important, confirme Manu Dufaux. Ça fait très mal de passer d’une épreuve où l’on rampe à la course. On est toujours à la limite de son seuil. Il faudrait réussir à courir en étant asphyxié en permanence. Pendant les obstacles, j’essaie de récupérer mon cardio. Quand je cours, je récupère au niveau des bras. Après chaque épreuve de force, la difficulté est de relancer le corps sur la course.» Une gestion de multiples paramètres qui rend cette discipline encore plus enivrante.

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